Francisco Paiva, rédacteur en chef de la collection ARS / UBI
Postface
Cette édition matérialise la synthèse conceptuelle de la recherche Walking the Data | Plotmap, qui a été développé à l’initiative de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence Félix Ciccolini (France). Nous avons suivi avec intérêt le large éventail des actions qui ont été développées dans ce cadre dans biens des lieux différents, tant est manifeste l’affinité des questions qu’elles soulèvent avec les problématiques que nous développons au sein de l’université de Beira Interior entre recherche et création, sur les connexions et les dynamiques artistiques, identitaires et médiatiques dans leur relation au territoire, en particulier dans les domaines des arts médiatiques, du cinéma, des arts visuels, du design et de l’architecture.
Nous considérons le projet Walking the Data comme un modèle exemplaire de recherche, c’est à dire de la capacité à produire de la connaissance dans, sur et à partir des arts. C’est le privilège de ces moments historiques où le syncrétisme génère de nouvelles façons de percevoir, de penser et de sentir qui déplacent les limites de nos modes de connaissance. Une telle expérience favorise, bien sûr, la synergie entre les arts et les technologies, en même temps qu’elle impose la nécessité d’une distance critique, de façon à enrichir les perspectives et à brouiller les frontières des taxonomies disciplinaires héritées du XIXe siècle, qui déterminent encore le paysage culturel et académique.
C’est pourquoi nous observons avec une attention particulière les relations que le projet Walking the Data établit entre les différents types de perception et d’expérience. D’emblée, l’allégorie heureusement ouverte par la formule : marcher les données, évoque le chemin, la marche, les flux qui traversent un « corpus » donné, la toile de fond de l’« errance », si chère aux peuples méditerranéens et condition « sine qua non » du cosmopolitisme. Dans ce transit hyper-médiatique se joue également une partie de la cosmogonie contemporaine, dont les dynamiques culturelles sont de plus en plus indissociables d’enjeux écologiques et géostratégiques que l’art se montre capable de questionner, comme en témoignent les démarches des artistes impliqués dans ce projet.
J’ai pris connaissance plus en détail de l’étendue et de la pertinence de ce programme lorsque, en 2017, j’ai été invité à participer aux journées d’études : « Pratiques artistiques de la cartographie », où j’ai présenté un regard sur les pratiques cartographiques à partir du lexique du dessin. Depuis lors, avec la médiation de Carlos Casteleira, nous avons initié une collaboration bilatérale fructueuse, incarnée par plusieurs actions, ateliers, résidences artistiques et mobilités d’étudiants, d’enseignants et d’artistes. C’est pour ces raisons que, dès le début, le Groupe des Arts du Labcom (http://www.labcom.ubi.pt) a été très heureux de participer à l’édition numérique de ce volume.